dimanche 7 septembre 2014

Anton Fromm

- Votre déjeuner est servi, M. Anton.

Anton Fromm leva les yeux vers sa domestique et pencha la tête sur le côté. Il travaillait sans interruption depuis plusieurs heures et s’était tenu si concentré qu’il lui fallut un long moment pour reconnaître Marie, revenir au présent – l’heure du déjeuner, dans son bureau – et répondre d’une voix douce :

- Très bien. Je descends. Merci, Marie.

Il attendit, immobile, qu’elle quittât l’encadrement de la porte. Il revissa le bouchon de son stylo, retira ses lunettes et se leva de son fauteuil. Un pincement dans les vertèbres interrompit un instant son déplacement vers l’escalier. Il reboutonna sa veste et attrapa sa canne qu’il avait laissé appuyée contre un guéridon couvert de livres. Il descendit lentement les marches habillées d’un épais tapis et pénétra dans la grande salle à manger lambrissée.

Il s’assit sur la chaise au haut dossier capitonné et se demanda, peut-être pour la millième fois, pourquoi il ne se débarrassait pas de cette pénible habitude. Cette table, où seize convives auraient pu dîner avec aise, était manifestement trop vaste pour lui qui prenait seul tous ses repas. Avait-il un besoin si pressant de tous ces couverts d’argent, de toutes ces assiettes de porcelaine, de ce bouquet splendide qui trônait dans son vase de Chine juste devant ses yeux ? Qu’est-ce qui le retenait de prendre ses repas à l’office ? Il aurait sans façon poussé les épluchures de légumes pour se faire une place au haut bout de la table creusée à force d’être récurée ; les chats lui auraient couru entre les jambes ; il aurait respiré les effluves de sauce à la viande et de lessive ; il aurait mangé un repas solide et simple, avec sous les yeux le gros derrière de Marie remuant le contenu de sa marmite et parlant toute seule.

Anton Fromm sourit à cette image. Marie avait le même âge que lui, elle était ronde et rose, toujours aussi énergique et bavarde. Depuis combien de temps était-elle à son service ? Cinquante, soixante ans ? Il l’imagina le chasser de l’office, furieuse de l’avoir dans les jambes, profondément choquée de la révolution sociale que ce changement d’habitude impliquait : « Ouste, M. Anton ! Ouste ! Ce n’est certainement pas la place d’un grand savant comme vous que de souper à l’office ! Voyons, soyez raisonnable ! Comment voulez-vous que je travaille si vous êtes là à me regarder faire ? Hein ? C’est simplement impossible, M. Anton. Simplement im-pos-sible. » Là résidait sans doute la réponse à sa question – tout au moins une partie de la réponse : il ne changeait pas ses habitudes par égard pour Marie. Elle avait modelé toute sa vie sur la sienne et, pour continuer à être elle-même, elle avait besoin qu’il continuât à être le grand homme auprès de qui se dévouer. S’il n’y avait plus de grand homme, c’était que le sacrifice avait été inutile, et que sa vie était gâchée.

Marie donna un coup de pied dans la porte pour l’ouvrir et entra en se dandinant dans la salle à manger. Elle portait une assiette à chaque main, dont une couverte d’une coupole argentée, et tenait une louche serrée entre ses dents. Elle posa le tout devant Anton Fromm, raidi, comme tous les jours, par l’absence de délicatesse de Marie.

- Je vous souhaite un bon appétit, M. Anton,  dit-elle d’une voix forte.

Le temps de trouver une question à lui poser pour la retenir quelques minutes, elle avait déjà disparu, laissant dans son sillage le bruit d’une porte qu’on ouvre et qu’on ferme.

Anton Fromm coupa un morceau de terrine de lapin et le porta à sa bouche. C’était une des nombreuses spécialités de Marie, dont heureusement il ne se lassait pas : elle lui en servait la moitié de l’année. Il mâchait lentement, savourant sa consistance parfaite – ni trop mouillée, ni trop sèche – et cet arrière-goût fumé qui était sa signature et son secret de fabrication.

Il reprit le fil de ses pensées : pourquoi se trouvait-il seul dans cette grande pièce ridiculement apprêtée à chacun de ses repas ? Par égard pour Marie, oui. Mais ce n’était pas tout. Elle n’était qu’une domestique et il était encore maître en son logis. Il aurait pu se faire servir sur le guéridon de la bibliothèque (Marie se serait plaint de devoir plusieurs fois par jour tout monter et tout descendre dans l’escalier). Il aurait pu se rendre au restaurant (mais il n’avait aucune indulgence pour les dépenses somptuaires, et c’en était manifestement une). Il aurait pu inviter des amis ou des parents à lui tenir compagnie (c’était la porte ouverte à des rendez-vous routiniers et asservissants). Etait-il donc condamné à prendre seul ses repas jusqu’à la fin des temps ?

Quand il eut terminé son entrée, il déposa devant lui la seconde assiette et souleva le couvercle. Une belle truite était accompagnée de pommes de terre, de carottes et de navets. Il entreprit de retirer la peau, la tête et les arêtes du poisson. Il déposa les déchets sur l’assiette de terrine maintenant vide et mangea rapidement le repas presque froid. Il s’essuya la bouche dans la grande serviette blanche que Marie changeait à tous les repas et but une gorgée de vin rouge. Il s’appuya confortablement contre le dossier et attendit.

Quelques secondes plus tard, Marie entra dans la salle à manger avec fracas :

- Ça vous a plu, M. Anton ? demanda-t-elle en empilant les assiettes et en y mettant les couverts sales.

- C’était très bien. Merci Marie.

- Je vous apporte le fromage.

- Si vous vouliez bien me mettre une pomme avec, ce serait parfait.

- Bien, monsieur.

La vieille domestique donna un coup de pied dans la porte et disparut à nouveau dans un bruit de tintement.
Vais-je sortir ? se demanda Anton Fromm.

Bien qu’il eut dépassé l’âge de la retraite, il avait continué à exercer sa profession. Nombre de ses doctes collègues l’avaient discrètement incité à cesser ses cours à l’Université et à se consacrer à l’écriture de ses livres. Il savait parfaitement qu’en libérant sa place, une machinerie extrêmement complexe et subtile allait se mettre en marche qui permettrait à nombre d’entre eux de faire avancer leur carrière. Mais il n’avait pas abdiqué et avait continué à enseigner. Ses collègues si bien intentionnés étaient pour la plupart des vieilles badernes très savantes mais sans plus aucune vivacité d’esprit. Ils se répétaient et misaient tout sur leurs acquis. Son cerveau à lui avait besoin, pour travailler et faire avancer la science, de la vitalité et de la stimulation de ses étudiants.

Malgré ses nombreux projets en cours et son emploi du temps chargé, il s’autorisait une heure de promenade tous les jours. Il regarda par la grande baie et constata que le beau temps d’automne se maintenait. Les feuilles dans le jardin vibraient légèrement. Une belle lumière chaude et douce enveloppait le marronnier déjà sec. Il avait toujours aimé le mois de septembre, si plein de promesses après les oisifs et languissants mois d’été.

Oui, se dit-il, j’irai marcher une heure après mon café.

Marie revint avec le fromage et la pomme qu’elle déposa sur la table.

- Merci, dit-il en prenant un couteau propre. Pensez-vous que le beau temps va se maintenir, vous qui êtes dans les secrets des dieux ?

- Ah, monsieur Anton ! Dans les secrets des dieux ! Comme vous y allez ! M’est avis que nous sommes tranquilles jusqu’à la prochaine lune. Mais le fils du boucher, qui m’a fait sa livraison ce matin, m’a soutenu que le vent avait déjà commencé à tourner et qu’il pleuvrait avant samedi. Comment savoir ?

- Effectivement, comment savoir, dit-il pensivement.

- Vous prendrez du café ? demanda-t-elle brusquement.

- Avec plaisir.

- Je vous l’apporterai quand vous aurez terminé.

Elle quitta la pièce en trottinant.

Anton Fromm mangea méthodiquement un morceau de chaque fromage du plateau. Quand ce fut fait, il nettoya son couteau et commença à éplucher sa pomme. La peste de mes habitudes de vieillard, se dit-il. Il lâcha le couteau et croqua dans le fruit. Le jus glissait le long de son poignet, mais il jouissait de la grande quantité de chair qu’il pouvait saisir à chaque bouchée. Pourquoi était-ce meilleur ainsi, que découpé en fines tranches comme il était accoutumé de le faire ?

Marie entra avec un plateau sur lequel était déposée une petite tasse blanche. Elle leva le sourcil droit quand elle aperçut le trognon de pomme dans l’assiette, mais elle ne fit aucun commentaire. Anton Fromm prit la tasse dans le creux de ses mains et regarda en silence Marie qui débarrassait les restes de son déjeuner.

- Je vais marcher jusqu’au lac. Je serai de retour vers quinze heures.

- Bien, M. Anton. Bonne promenade.

- Merci, dit-il avant de porter la tasse à ses lèvres.

Marie quitta à nouveau la pièce, le renvoyant au silence et à la solitude.

Le café était brûlant. Il regrettait de ne pas avoir pris avec lui un journal pour lire en attendant qu’il refroidît. Il se dit ensuite que s’il n’avait pas pris ce café, il aurait pu être déjà en train de se préparer à sortir. Et ce café qui ne refroidit pas, se dit-il, agacé. Et pourtant il avait tout son temps, il n’avait aucune obligation cet après-midi. Décidément, je ne supporte plus cette salle à manger, se dit-il en regardant autour de lui, puisqu’il n’avait rien d’autre à faire. Cette propreté, cette raideur, ces tableaux noircis, ces chaises, les buissons de laurier dans le jardin. Il se fit la remarque que son jardin lui évoquait maintenant les espaces verts d’une clinique. Comment ai-je pu m’enfermer de moi-même dans ce mausolée, se demanda-t-il.

Cette maison était le couronnement de son ascension sociale. Il était âgé quarante ans quand il l’avait acquise. Il était encore jeune mais déjà reconnu par ses pairs, sa célébrité commençait même à sortir des cercles universitaires. Lorsqu’il avait pris possession de cette grande maison blanche, massive, solide, avec son perron et sa volée de marches, ses grandes pièces aux hauts plafonds, ses volets verts, il avait pensé à leur petite chaumière où huit enfants s’ébattaient dans deux pièces étroites et briquées par sa mère toute sa vie durant. Il s’était senti fier de sa réussite et redevable envers ses parents qui n’étaient plus là pour assister aux ultimes fruits de l’éducation qu’ils lui avaient donnée. Même morts, ils gardent un œil sur nous, s’était-il dit en insérant la clé dans la serrure.

Après toutes ces années à le servir dans de petits logements miteux, Marie avait visité avec ravissement les pièces qui allaient devenir son royaume. Grâce à Anton Fromm elle avait atteint un nouvel échelon social, elle était passée de simple bonne à gouvernante. Mais malgré quelques bouffées occasionnelles de vanité, elle n’avait pas changé et était restée indécrottablement l’enfant accidentel d’une fille de ferme. A l’instar des empereurs romains qui se laissaient susurrer les pires injures au creux de l’oreille pendant les triomphes, il n’aurait voulu sous aucun prétexte être séparé de Marie, et oublier d’où lui-même venait.

Les années avaient passé. Anton Fromm avait rempli sa maison de livres, de meubles rares et d’œuvres d’art. La maison était si imprégnée de lui, de ses goûts, de ses sentiments, de tous les événements qu’il avait vécus ici, qu’elle était devenue un prolongement de lui-même, une excroissance monstrueuse et rance de son propre corps. Il ne comprenait plus ce qui avait nourri cette tumeur, quelle soif inextinguible de remplir l’avait pris pour acquérir tous ces objets qui, maintenant qu’il en était las, n’étaient plus que des entraves. Aujourd’hui il était un vieux bonhomme, il se désintéressait de tous ces objets et de tout ce luxe. Il se demandait, sans oser aller au bout de sa réflexion, comment il aurait pu s’y prendre pour alléger son fardeau. Mais que faire de tout ce fatras ? La seule chose à faire dans l’immédiat était de fermer la porte d’entrée derrière lui et d’aller marcher pendant une heure.

Le café était maintenant presque froid. Il avala d’une traite le contenu de sa tasse et se leva de sa chaise. Dans le vestibule, il enfila son manteau léger, vissa son chapeau sur sa tête, et empoigna sa canne. Il ouvrit la porte d’entrée et l’air doux qui vint frapper son visage lui rendit le sourire. Il referma la porte et posa la main sur la rambarde avant de descendre les quelques marches. Lorsqu’il eut franchi les grilles de son jardin, il se sentit soudainement plein d’entrain.

Il s’arrêta un instant sur le trottoir, le temps de laisser passer un élégant tram jaune moutarde au gros phare rond. Le bruit métallique de la lourde machine lancée sur ses rails lui était familier et plaisant. Ses grandes antennes qui frottaient les câbles émettaient des étincelles. Derrière les vitres certains passagers avaient déjà revêtu leur manteau d’automne, tandis que d’autres ne s’étaient pas encore résolus à quitter leur tenue de vacances. Une vieille dame portait un joli chapeau mauve. Aucun ne tourna la tête vers le vieux promeneur.

Le silence revint dans la rue. Anton Fromm prit son pas de promenade, ne se servant presque pas de sa canne. Il n’en avait pas vraiment la nécessité, mais une mauvaise chute suivie d’une longue convalescence lui en avait donné l’habitude. Elle lui tenait en quelque sorte compagnie. Il longea les haies parfaitement taillées au pied desquelles des merles soulevaient les feuilles mortes afin d’y trouver leur pitance. La plupart des maisons de son quartier ressemblait à la sienne, avec quelques variations dans les formes et les décorations ; elles avaient toutes été construites à la même époque, entourées de beaux jardins soigneusement entretenus et protégées de hautes grilles noires. Tous les enfants sont partis, se dit-il, c’est devenu un quartier de riches vieillards.

Plusieurs pâtés de maison plus loin, la rue se terminait à un grand carrefour où se croisaient piétons, autos, taxis et trams dans un fracas continu, mais dans un ordre parfait. C’est cela, la civilisation, se dit-il en attendant son tour de traverser, l’organisation du chaos en flux, tirer profit le plus possible de la force vitale, mais la canaliser. Canaliser, l’expression était particulièrement juste. Les canaux et les polders de Hollande étaient une très bonne allégorie de la civilisation, pensait-il. Depuis son apparition, l’Homme s’était rendu peu à peu maître de ses instincts et de la nature. Ce carrefour en était un achèvement. Jusqu’à quelle prochaine révolution ? se demanda-t-il en s’engageant sur le passage clouté.

Le trottoir du boulevard était assez large pour que tous les passants pussent se déplacer chacun à son rythme et sans se bousculer. Anton Fromm s’arrêtait de temps à autre devant de belles vitrines et en admirait l’opulence arrangée avec soin sur les présentoirs, les tablettes couvertes de tissus brillants, les mannequins plus vrais que nature. En vieillissant il avait perdu cette pulsion d’acheter pour le seul plaisir de la possession. Il n’avait pas besoin de posséder un bel objet pour le trouver beau et avoir plaisir à le contempler. D’ailleurs, avait-il remarqué, certains objets – montres, portefeuilles, vêtements – n’étaient jamais aussi beaux que dans les vitrines, sous un éclairage approprié et accompagnés de leurs semblables.

Même si la nostalgie de la vie à la campagne ne lui était pas inconnue – mais elle était inséparable d’émotions familiales à jamais disparues – il savait qu’il ne pouvait pas se passer de cette vie urbaine au milieu de laquelle il se frayait un chemin. Les livreurs qui encombraient le trottoir de leurs colis volumineux ; les hommes d’affaire qui marchaient nerveusement, leur serviette de cuir sous le bras ; les élégantes qui commençaient tout juste leur journée ; les mères de famille au regard anxieux, un enfant pendu à chaque main ; les traînards et les hors-catégorie de toutes sortes. Dans cette foule, il ne se sentait pas seul, il se sentait indifférencié, participant aux flux anonymes de la ville.

Parvenue au bout du boulevard, la circulation se jetait sur une grande place de forme ovale qui s’ouvrait sur la rive du lac. Ici s’arrêtaient et partaient tous les trams de la ville, comme un cœur qui aspire, repousse et fait circuler le sang dans tout l’organisme. Au centre de la place, serrée dans l’enchevêtrement des rails, la gare de terminus, elle aussi ovale et toute en verre, était couverte par un toit plat en béton, lui aussi ovale, qui s’avançait de quelques mètres au-dessus des passagers pour les protéger des intempéries. Presque tous les habitants de la ville passaient par ici au moins une fois par jour. Anton Fromm aimait y faire un arrêt pour lire les titres de la presse internationale au kiosque à journaux.

Il n’acheta aucun journal. Il traversa lentement la foule en transit et s’engagea sur la promenade qui faisait le tour du lac. La vue était bien dégagée sur le massif qui étincelait au loin sous le soleil d’automne. La neige sur les sommets prenait une couleur dorée et les montagnes, bien détachées les unes des autres, étaient d’un bleu qui tirait au violet.

L’eau du lac était sans cesse en mouvement, agité de vaguelettes qui s’allumaient un instant avant de s’éteindre. Ici et là on voyait de petites barques de pêcheurs vertes. Une fine embarcation fendait rapidement la surface, poussée par les avirons d’une demi-douzaine de jeunes hommes aux bras nus. Un élégant vapeur qui assurait la liaison entre les deux extrémités du lac s’apprêtait à accoster et fit retentir sa corne.

Comment se lasser de ce lac qui est toujours si différent, se dit-il. La promenade, séparée de la circulation automobile par les villas, était le point de rendez-vous des nurses qui sortaient des nuées d’enfants de tous les âges, et bavardaient entre elles, assises les jambes repliées sous elles, sur les pelouses, avec toujours une œil attentif sur les apprentis aventuriers. Les nombreux bancs étaient, eux, le territoire des vieilles dames qui s’y retrouvaient dès le matin pour tricoter, prendre le soleil et bavarder. Anton Fromm les ignora avec orgueil lorsqu’il passa devant elles. Il n’avait rien à voir avec ce genre de personnes et tenait à le montrer.

Anton Fromm marcha au bord du lac sur près d’un kilomètre. Il avait l’esprit uniquement occupé à observer ce qu’il y avait autour de lui. Son regard glissait des montagnes au lac, s’attardait un instant sur un petit voilier phosphorescent, puis se dirigeait vers les jardins des villas, où les parterres de fleurs faisaient des taches multicolores sur les étendues de gazon parfaitement tondu.

Plus on s’éloignait du centre, moins on trouvait de passants. Il était maintenant presque seul sur l’allée de gravier. Il alla jusqu’à la jetée qui était ordinairement le point le plus éloigné de ses promenades quotidiennes, fit quelques pas sur les planches, regarda les poissons qui se déplaçaient lentement entre les pilotis, jeta un dernier regard sur les montagnes et fit demi-tour.